Tuesday, 19 January 2010

Spiritualité de la Terre (2007)

Quand vous étiez très jeune avez-vous senti, en un moment, une présence de Dieu au moment d’être proche à la nature? C’était peut-être au bord d’un lac, dans la forêt, sur une montagne, devant une fleur, un oiseau ou un petit animal. En ces moments-là Dieu se révèle très proche et l’expérience est souvent d’une paix et harmonie que nous reste dans l’esprit longtemps après.

Aujourd’hui, si vous allez vous promenez au bord d’un lac, dans la forêt, sur la montagne, ou si vous vous trouvez devant une fleur, un oiseau ou un petit animal, il aura probablement un autre élément qui va s’introduire : Tout ça est en danger! C’est difficile d’être proche à la nature sans reconnaître qu’on passe par une crise planétaire de l’environnement qui met la nature en péril. Il y a la pollution de l’aire, de l’eau, l’extinction des espèces, le changement du climat qui risque de bouleverser l’équilibre écologique.

En tant que chrétiens et chrétiennes il faut reconnaître que la crise écologique d’aujourd’hui a des racines qui remonte assez loin dans notre histoire humaine et que ces racines sont, en partie, spirituelles. Révisons un peu notre histoire spirituelle pour voir d’où vient la mentalité qui a tellement fait des ravages à l’environnement.

On commence avec la Bible, en fait avec le premier chapitre de Genèse : Dieu a créé l’univers et a trouvé que c’était bon, même très bon. La terre et tout ce qu’elle contient vient de la main de Dieu, créateur qui a infusé tout avec son amour. C’est une élément assez positif de notre tradition et qui a mené pendant longtemps a une vision d’un monde révélateur de Dieu et plein de sa présence, un monde « enchanté » dans le sens d’être plein de vie, plein d’esprit.

De l’autre côté, il y a une petite phrase ver le fin de ce même chapitre où Dieu charge les êtres humains de remplir la terre, la dominer et la soumettre. Ce sont bien les mots utilisés : dominer et soumettre. De la va sortir un autre courant de pensée chrétienne qui rassure les êtres humain qu’ils peuvent prendre en charge le monde matériel, le manipuler et le soumettre à satisfaire ses besoins, même ses désirs.

Si on passe maintenant aux premiers siècles chrétiens on voit que le monde enchanté continue mais on commence à faire des distinctions entre le monde matériaux et le monde de l’esprit (qui n’est pas le même que la chair et l’esprit de Saint Paul) et qui sème une doute sur la valeur du monde matériel. Augustin trouve que le monde matériel est une source de tentation et qu’il faut en méfier. C’est pour lui une source du péché. Il définie le péché originel en termes qui font peur que Dieu peut condamner l’être humain à l’enfer s’il ne suit pas le bon chemin et ce peur est transféré à un peur du monde matériel. En le disant il suit simplement tout un courant de son temps.

A partir du 8ième siècle, ce peur est intensifié par l’arrivé de la peste en Europe, ce qui cause des milliers, voir des millions de mort. La peste a semé de la panique dans la population de l’Europe. À la fin du moyen âge on a peur de la nature, peur de l’enfer, peur de la condamnation de Dieu, peur du corps, méfiance du monde matériel. C’est à ce moment-là que les premier colons arrivent à Québec et avec cette mentalité.

Pour faire face à cette situation, les penseurs européens essaient de prendre contrôle de la nature; Newton, Galileo et autres commencent des premières expérimentes empiriques qui donne naissance à la révolution scientifique. Dieu est transféré à un monde transcendantal, au delà de la nature – pour qu’il puisse, dans la perspective du temps, mieux intervenir pour sauver l’humanité des ravages de la nature.

Descartes introduit dans la pensé européen une séparation totale entre la nature et l’esprit. L’idée fait le tour d’Europe. Maintenant ce n’est pas simplement une distinction entre matériel et spirituel sinon de deux réalités appart. Étant totalement séparé les penseurs scientifiques se sentent libérés pour manipuler la nature à leur gré. David Hume parle de « torturer la nature pour qu’elle révèle ses sécrètes ». La vraie méthode scientifique est une méthode « athée » dans le sens de ne pas avoir aucune référence à Dieu. Le monde est maintenant désenchanté.

Spinoza applique ces nouvelles idées à la société en train de sécularisation. La politique, l’état et la société n’ont pas pourquoi faire allusion d’une intervention de Dieu. Ils ont leurs propres lois indépendantes de Dieu et le la loi morale de Dieu telle que présentée par l’Église.

La révolution industrielle suit avec vigueur, comme aussi la conquête du Nouveau Monde, la colonisation d’Afrique et d’Asie pour alimenter la nouvelle économie des états naissants. Il y a surtout des conséquences catastrophiques sur les populations des Amériques et d’Afrique.

Avec la naissance des multinationales et la globalisation de l’économie néolibérale de la fin du 20ième siècle on arrive à l’extrême de ces tendances.

Fin des mauvaise nouvelles; Péril de la fin de l’humanité; Grosse crise écologique pour la planète. Vous voyez peut-être mieux pourquoi on dit que la crise actuelle a des racines spirituelles.

Tournons la page. En 1969 l’homme est allé marcher sur la lune. En arrivant, en certain moment, les astronautes on tourné en arrière et ont regardé d’où ils venaient. Ils on vu une petite planète bleue qui flottait dans un univers noir, toute belle, toute petite, toute fragile. Quelqu’un d’entre eux a pris une photo. Cette photo qui montre la planète bleue vue pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité a fait le tour du monde en quelques jours par moyen de la nouvelle technologie de la télévision. Pour la première fois l’humanité a reconnu que leur terre n’était pas infinie sinon un fragile habitat, notre habitat. La conscience environnementale est née. Cette conscience se puisait dans les études scientifiques déroulées pendant un siècle et demi avant le voyage à la lune. On était conscient que la terre avait une histoire beaucoup plus longue que les 4 000 ans assigné par la tradition judéo-chrétienne. L’univers date de 13 milliards d’années; la terre aura une histoire de 5 milliards d’années, l’homme entre en scène il y a peut-être 2 millions d’années. Aujourd’hui on peut situer l’être humain dans toute une évolution de l’univers, de la terre et de la vie sur la terre. On reconnaît que l’être humain est un produit de l’évolution de la terre en continuité avec tous les autres êtres vivants. À travers toute cette histoire la Terre a appris entendre des sons, voir des images, formuler des idées, sentir des émotions, penser, délibérer. Avec l’être humain, la Terre a réussi se reconnaître, a atteint sa liberté. Le sage, en regardant l’univers par télescope, est littéralement l’univers qui se regarde.

L’être humain n’est pas sur la Terre comme un élément ajouté sinon est un fruit de la Terre que l’évolution de la Terre a façonné et qu’elle continue à façonner. L’être humain n’est pas séparé des autres ni supérieur aux autres. Au contraire, il fait partie de la communauté de la vie.

Cette nouvelle perspective qui nait des expériences toutes récentes de l’humanité nous invitent à revisiter notre tradition chrétienne pour la réinterpréter à la lumière de l’histoire concrète de la Terre.

On peut aussi tourner vers d’autres cultures de la Terre, appart de la tradition chrétienne occidental pour y puiser des éléments pour alimenter une autre vision de notre relation avec la Terre. Je pense en premier lieu aux cultures autochtones.

Les Aymaras habitent le sud du Pérou, une partie de Bolivie et une petite partie du Chili. C’est une culture très ancienne qui a une idée précise de leur origine et de l’univers. Ils croient que leur peuple est né d’une liaison entre Viracocha, la grande force créatrice, et la Pachamama, la Terre. Cette liaison aura eu lieu sur une île du lac Titicaca. Ils croient que le monde est divisé entre trois niveaux : le monde d’en haut, le monde d’ici et le monde en bas. Viracocha habite le monde d’en haut et sa force est manifesté à travers le foudre; La Pachamama habite le monde d’ici et sa force est manifesté à travers la récolte (ou la famine); le monde d’en bas est habité par toutes sortes d’êtres vivantes qui soutiennent la Terre et manifestent leur force à travers les tremblements de terre. Alors le destin humain est très relié à ces mondes-là et les forces qu’ils gèrent. Ces êtres sont disponibles pour aider l’être humain toujours qu’on les approche avec respect. Mais ils gèrent aussi des immenses forces qui peuvent faire beaucoup de dommage si on ne les respecte pas. Les Aymara, donc, organise leur société autour d’une réciprocité entre l’être humain est les forces de la nature.

Les Aymaras savent très bien d’où ils viennent et quelle est leur relation avec la nature et les forces de la nature. Ils ont une relation intime avec la Pachamama qui est la force la plus proche aux êtres humains. Étant un peuple agricole, ils reconnaissent que tout ce qu’ils ont, vient d’elle. Ils vénèrent la Terre.

On voit quelque chose de pareil avec le peuple Anishnabe d’Amérique du Nord qui habite grand partie du nord d’Ontario et une partie de l’ouest de Québec. Eux aussi savent d’où ils viennent. La femme-ciel a regardé un jour la Terre et a trouvé qu’elle était tout couverte d’eau. Alors, elle a envoyé le rat-musqué parler avec la tortue au fond des eaux. Le rat-musqué a convaincu la tortue à monter au surface des eaux. Entre temps la femme-ciel a envoyé aussi le castor chercher un poigné de boue au fond de l’eau et le poser sur le dos de la tortue. Ainsi est née l’Île du Tortue (l’Amérique du Nord). Ensuite la femme-ciel a façonné tous les êtres vivant. A la fin elle a façonné aussi l’être humain, le frère et sœur mineur de tous. Étant le fils et la fille mineur, l’être humain connaît moins la Terre et donc est le moins savant. Pour survivre l’être humain a besoin de l’aide de tous les autres. Les autres peuvent vivre sans l’être humain mais l’être humain ne peut pas vivre sans eux. Alors, pour survivre, il faut que l’être humain approche avec beaucoup de respect aux autres êtres vivants pour qu’ils l’enseignent comment survivre, ce qu’ils sont très prêt à faire toujours qu’on les approche avec une attitude d’écoute et de respect.

Je pense que ces traditions nous offrent des pistes de réflexion qui pourront nous aider à voir des éléments négligés (ou peut-être même absents) dans notre traditions. Avec l’aide des autres sagesses, on corrige et complète notre propre tradition.

On peut revisiter les éléments plus profonds de notre tradition pour retrouver un autre équilibre. Dieu n’est pas totalement séparé de notre Terre sinon que sa transcendance est imminente en tout aspect de l’univers au même temps qu’il le transcende. Il fait alliance avec l’humanité mais il nous pose aussi des responsabilités. Le salut n’est pas seulement des êtres humains mains aussi de toute la création telle que Saint Paul nous l’indique. Le grand principe éthique n’est pas seulement d’être au service de nos frères et sœurs en besoin mais aussi de toute la communauté de la vie sur la planète. Le grand péché serait d’abandonner la Terre qui nous a engendrés et qui continue de nous soutenir et sans laquelle nous ne pouvons continuer à vivre. Tel que Genèse nous dit, le péché originel serait de vouloir nous convertir en Dieu, oubliant notre condition de créature de la Terre.

Si on veut que la Terre continue à nous offrir un habitat adéquat, il faudrait trouver des moyens concrets pour assurer que nous vivons en harmonie respectueux en tant que membres de la communauté de vie sur la Terre. Il faudrait inventer des moyens qui nous permettent de transformer notre vie de société pour qu’elle soit en équilibre avec notre habitat. Il faudrait renverser le dépouillement de la communauté de la vie de la Terre. C’est un effort qui touche notre style de vie quotidienne mais aussi les grands enjeux de notre économie militarisée.

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